Les plus de 50 ans représentent plus d’un quart des personnes vivant avec le sida, contrairement à la croyance populaire d’une maladie ne touchant quasiment que les jeunes, selon le bulletin de mars de l’Organisation Mondiale de la Santé. Cette proportion importante serait principalement liée à la trop grande fréquence des relations sexuelles non protégées chez les seniors.
Les personnes plus de 50 ans ont débuté leur vie sexuelle sans l’épée de Damoclès du sida, ce qui expliquerait leur réticence au dépistage du virus et à l’emploi de préservatifs aujourd’hui. A l’inverse, les jeunes ont toujours connu le sida et ses contraintes (usage de préservatif pour toute pénétration lors d’une relation sexuelle avec un partenaire occasionnel ou dont on ne connaît pas le statut sérologique). Résultat : de nombreux seniors s’infectent lors de relations sexuelles non protégées, des infections qui seraient également favorisées, selon le docteur George Schmid et son équipe, par “l’amincissement de la muqueuse vaginale avec l’âge“. Par ailleurs, le Dr Schmid souligne qu’“en raison de la mise sur le marché de médicaments efficaces contre les troubles de l’érection, des hommes qui normalement auraient dû diminuer ou cesser leur activité sexuelle l’ont au contraire élargie“. Une tendance qui majorerait les risques de relations avec des inconnues, et donc de contamination. Cependant, le Dr Fittipaldi de Pfizer (laboratoire pharmaceutique commercialisant le Viagra®) pense que cette analyse est infondée, expliquant qu’il “n’y a pas d’évidence scientifique en faveur d’un lien entre l’utilisation de Viagra et l’augmentation du sida chez les personnes âgées“. Il souligne même qu’“au contraire, ces médicaments permettent aux personnes âgées de garder leur préservatif en place en renforçant leur érection“. Pourtant les chiffres sont là, avec par exemple une augmentation aux Etats-Unis de 20 à 25 % entre 2003 et 2006 de la proportion des plus de 50 ans parmi les patients séropositifs. Il faut donc que les plus âgés soient davantage considérés comme à risques et que leur médecin traitant n’hésite pas à leur rappeler l’importance du préservatif, voire à leur proposer de se faire dépister au moindre doute. Même s’ils ont débuté leur vie sexuelle à l’époque du flower power (durant laquelle l’amour se pratiquait sans latex ni prise de sang…), il convient de leur rappeler que le sida reste une maladie mortelle et que les autres infections sexuellement transmissibles sont en augmentation.
Si vous-même êtes dans cette situation et que vous partez à la recherche de nouvelles conquêtes, pensez au préservatif !
Sources : – The unexplored story of HIV and Ageing. George P. Schmid et al. Bulletin de l’OMS, mars 2009 (Bull World Health Organ 2009;87:162). – Unprotected sex has no age. Claudia Jurberg. Bulletin de l’OMS, mars 2009 (Bull World Health Organ 2009;87:165-166)