Le ministère de la Santé vient de publier un Atlas des variations des pratiques médicales en France. Pour ce tout premier panorama, 10 opérations chirurgicales ont été étudiées. De très grandes variations sont observées à travers le territoire.
Césarienne, appendicectomie, chirurgie bariatrique de l’obésité, pose d’une prothèse de genou, chirurgie du syndrome du canal carpien… Le premier panorama des pratiques médicales rendu public par le ministère de la Santé jeudi 24 novembre a cherché à savoir si les Français reçoivent des soins de même qualité, selon le département où ils sont pris en charge. Cet Atlas révèle que pour une même pathologie, les actes chirurgicaux varient d’un département à un autre.La chirurgie du syndrome du canal carpienLes pratiques médicales pour certaines opérations présentent même des disparités très importantes. C’est le cas notamment des césariennes, de la chirurgie bariatrique de l’obésité ou encore de la chirurgie du
syndrome du canal carpien. Concernant cette dernière, la fréquence des opérations varie de 66 pour 100 000 habitants à la Réunion à 386 hospitalisations pour 100 000 habitants dans la Meuse, avec 143 744 hospitalisations au total en 2014 à travers le territoire. Les taux les plus élevés de recours à la chirurgie sont ainsi observés dans l’Yonne, la Haute-Marne et la Meuse (plus de 350 séjours hospitaliers pour 100 000 habitants), les taux les plus faibles à la Réunion, dans les Hauts-de-Seine, à Paris et en Guadeloupe (moins de 120 pour 100 000 habitants).Cette intervention chirurgicale, destinée à libérer le nerf carpien quand celui-ci est comprimé par un ligament, est la recommandation de prise en charge ultime du syndrome du canal carpien, après un traitement par infiltration de
corticoïdes ou pose d’attelle nocturne qui se serait révélé inefficace. Or, il ressort de ces études statistiques que seul ¼ des patients opérés a bénéficié de ces traitements préalables avant de se voir proposer une chirurgie.La césarienneLe recours aux
césariennes varie aussi, du simple au double, selon les départements. L’Atlas des variations de pratiques médicales indique que les taux standardisés (par l’âge des mères) de césarienne pour grossesse unique varient de 12,9 pour 100 naissances en Guadeloupe à 24,7 % en Haute-Corse. En 2014, 152 679 hospitalisations pour césarienne ont été comptabilisées dans toute la France. Les taux de césariennes programmées fluctuent aussi considérablement, de 2 à 20 % selon le département.Un programme national d’optimisation de la pertinence des césariennes a d’ailleurs été mis en place en 2013, s’appuyant sur les recommandations de la Haute autorité de santé. Le grandes variabilités intermaternités persistent tout de même. Les césariennes restent beaucoup plus pratiques dans les maternités privées et dans les maternités publiques de niveau 1 (qui prennent en charge les cas les moins compliqués).La chirurgie bariatrique de l’obésitéLa
chirurgie bariatrique de l’obésité est quant à elle en plein essor, avec une incidence qui a presque doublé en France entre 2010 et 2014 (46 861 séjours hospitaliers contre 26 405 quatre ans auparavant). Là encore, les disparités sont flagrantes. Cette chirurgie est pratiquée de manière très inégale à travers le territoire français, toutes techniques chirurgicales confondues (sleeve gastrectomie, bypass gastrique ou anneau gastrique) : les taux de recours standardisés varient de 8 séjours hospitaliers pour 100 000 habitants en Guyane à plus de 140 dans l’Yonne et l’Aube et 170 en Haute-Corse. Comme le souligne le rapport : “les différences ne s’expliquent pas par la prévalence de l’obésité, puisque les zones géographiques où cette chirurgie est la plus souvent réalisée ne correspondent pas aux zones où l’obésité est la plus fréquente”.Des disparités constatées pour les 10 actes de chirurgie étudiésMême constat et même écarts significatifs dans les autres prises en charge chirurgicales réalisées en 2014 et analysées dans le rapport du ministère de la Santé. Le nombre d’
amygdalectomies (ablation des amygdales) varie de 28 pour 100 000 habitants en Guyane à 168 pour 100 000 en Gironde ; le nombre d’
appendicectomies (ablation de l’appendice) de 41/100 000 en Martinique à 169/100 000 dans la Nièvre ; le nombre d’
hystérectomies (ablation de l’utérus) de 147/100 000 à Paris à 266/100 000 en Corrèze ; le nombre de
thyroïdectomies (ablation de la thyroïde) de 49/100 000 dans le Nord et en Charente à 122/100 000 dans l’Indre.Pour le ministère de la Santé, cet atlas est un outil destiné à ouvrir une communication autour des variations des pratiques médicales, aussi bien auprès des professionnels de santé “pour les inciter à se questionner et à questionner leurs pratiques”, qu’auprès des usagers du système de soin “afin de les sensibiliser à la notion de pertinence des soins et de les informer des pratiques médicales qui peuvent varier d’un territoire à un autre“. Ce premier Atlas en appelle d’autres, afin d’enrichir les domaines couverts et d’évaluer les variations en termes de qualité des prises en charge à l’hôpital et en ville.Click Here: kanken kids cheap