Les chercheurs s’interrogent sur l’impact sanitaire des applications de rencontre, et ont montré dans une récente étude que les utilisateurs réguliers avaient tendance à contrôler leur poids de manière excessive et malsaine, les rendant ainsi à risque de troubles du comportement alimentaire.
L’explosion des
applications de rencontre amène les chercheurs à s’interroger sur leur impact sur la santé de leurs utilisateurs. A juste titre : dans une étude publiée le 31 mai 2019 dans le Journal of Eating Disorders, des scientifiques américains ont montré que ces derniers étaient plus susceptibles de contrôler leur poids de manière excessive et malsaine.Les utilisateurs consomment plus de laxatifs, de coupe-faim, de stéroïdes…Pour arriver à ce constat, l’équipe de chercheurs a interrogé 1769 adultes sur leurs habitudes en termes d’applications de rencontre et de
contrôle de leur poids. Il leur a ainsi été demandé d’indiquer la fréquence à laquelle ils les utilisaient pendant les trente derniers jours et s’ils avaient tenté de perdre du poids ces douze derniers mois grâce à des pratiques peu recommandées : en se faisant vomir, en utilisant des laxatifs, en jeûnant, en prenant des médicaments coupe-faim, des compléments alimentaires visant à prendre du muscle ou des
stéroïdes anabolisants.Sur les 183 femmes et 209 hommes ayant indiqué qu’ils étaient sur des applications de rencontre, près de 27% d’entre elles et 15% d’entre eux étaient plus susceptibles de contrôler excessivement leur poids que ceux qui n’y étaient pas. En effet, 44,8% des femmes et 54,1% des hommes ont affirmé qu’ils avaient déjà jeûné ces douze derniers mois dans le but de perdre du poids. Plus d’une femme sur cinq et d’un homme sur trois ont également précisé qu’ils se faisaient vomir, tandis que 24% des femmes et 41% des hommes ont expliqué avoir déjà utilisé des laxatifs.Plus à risque de troubles du comportement alimentaire ?Selon le docteur Alvin Tran, directeur de l’étude, ces travaux sont “les premiers à explorer l’association entre l’utilisation des applications de rencontre et les pratiques malsaines de contrôle du poids. En comparant les personnes qui les utilisent à celles qui ne les utilisent pas, nous avons trouvé que les utilisateurs ont des chances considérablement accrues de se livrer aux six comportements alimentaires malsains étudiés.” Ces risques étaient également élevés chez certaines minorités ethniques, en particulier chez les Afros-Américains.Le Dr Tran ajoute que si les chercheurs ne savent pas si les participants avaient également ces habitudes malsaines avant d’utiliser les applications de rencontre, ils “craignent que l’utilisation de ces services centrés sur l’image et l’apparence exacerbe ces comportements”.Avec, à terme, l’apparition de véritables
troubles alimentaires comme
l’anorexie ou la
boulimie, explique à la
BBC Tom Quinn, directeur des affaires extérieures chez Beat, organisme britannique luttant contre les troubles alimentaires : “Il est important de noter que cette étude ne montre pas de lien de cause à effet entre les applications de rencontre et les pratiques malsaines de contrôle du poids. Néanmoins, les utiliser peut contribuer au développement de troubles du comportement alimentaire chez des personnes déjà vulnérables et empêcher la guérison chez celles qui sont déjà touchées.” Selon lui, il est donc “important que les utilisateurs à risque soient dirigés vers des sources de soutien”.