Pour les besoins de la promotion de L’Artiste et son modèle de Fernando Trueba (qui sort mercredi), l’acteur a accordé une interview confession au Progrès. Et il ne s’est pas privé de dire ce qu’il avait sur le cœur.
A 83 ans, Jean Rochefort n’a rien perdu de son mordant! Dans sa dernière interview au Progrès, l’acteur a tenu à mettre les points sur les i. Il a commencé par démentir l’information reprise abondamment ces derniers jours selon laquelle il arrêtait le cinéma. «Ce sont des méchantes personnes de France 5 qui, pour faire la publicité de leur émission, ont coupé une de mes phrases, s’est expliqué l’acteur. Ils n’ont gardé que «J’arrête le cinéma», cet aveu étant séparé de la suite qui était «excepté si je rencontre à nouveau un scénario que je juge utile à nos contemporains». Si une histoire m’enthousiasme, je suis prêt à jouer deux jours. Les rôles, à mon âge, je m’en fous: c’est l’œuvre qui m’intéresse.»
César du meilleur acteur pour Le Crabe-Tambour en 1978, Jean Rochefort profite aussi de son entretien pour faire un point sur l’évolution de son métier. À la question «pour vous qu’est-ce qu’un artiste?», il répond avec franchise: « Je fais partie de cette génération qui a cru, à l’arrivée de la télévision, qu’il n’y aurait plus de guerres parce que les individus de la planète se connaîtraient et n’auraient plus envie d’être belliqueux ni de foutre une bombe sur la gueule de l’autre. On en est loin. D’autant qu’au lieu de financer les bons films, les technocrates de la télé ne jurent que par Mimie Mathy, notre grande artiste populaire. Vous avez déjà regardé «Joséphine, ange gardien» ? Je m’en suis tapé un en entier. C’est pas possible, elle assassine nos contemporains. »
Lucide sur sa carrière, l’acteur à l’inamovible moustache reconnaît aussi avoir tourné dans plusieurs «nanars». «J’appelle ça mes blessures de guerre, remarque celui a joué dans plus de 100 films au cours de sa carrière. Le soir, on est malheureux dans sa chambre d’hôtel et on n’ose pas se regarder dans la glace. Il y a eu des époques où, vivant une existence tourmentée, sans parler de ma passion coûteuse pour les équidés, et n’ayant jamais su dire non à une femme qui voulait un enfant de moi, j’ai sans cesse été entraîné dans des désaveux. Un jour, je reçois un scénario de merde. Le lendemain, après avoir vu mon banquier, ce scénario ne me semblait plus si catastrophique.»
Une interview d’une grande franchise.
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