Après l’affaire Denis Baupin, un nouveau cas de sexisme secoue actuellement le monde politique. Anne Hidalgo a été victime d’une remarque grossière de Philippe Pemezec, maire LR du Plessis-Robinson, et s’en est émue dans une lettre qu’elle lui a envoyée. L’accusé ne dément pas et déplace le débat sur le terrain du calcul électoral.
«Qu’est-ce qu’ils ont tous à se précipiter autour d’elle, tous ces mecs? Ils sont comme un tel à vouloir se faire tailler des pipes par Hidalgo». Telle est la phrase qu’Anne Hidalgo a entendue le 4 juin dernier à Clamart, lors de la pose de la première pierre du Grand Paris Express. Elle a été prononcée par Philippe Pemezec, le maire LR du Plessis-Robinson, énervé de voir les autres élus de la banlieue parisienne accueillir avec convivialité la maire de Paris.
Après avoir vérifié qu’elle avait bien entendu et recoupé auprès d’autres personnes présentes le contenu exact des propos de Philippe Pemezec, Anne Hidalgo lui a envoyé un courrier qu’elle a rendu public sur son compte Twitter.
«En vous écrivant aujourd’hui, j’ai conscience de donner à votre vulgarité une notoriété qu’elle ne mérite guère. Vous n’êtes ni le premier ni le dernier à proférer des insanités en croyant avoir régalé son auditoire d’un trait d’esprit» écrit-elle d’une plume rageuse. Elle ajoute: «J’espère que vous me serez reconnaissante de ne pas dévoiler le nom de celui de vos amis qu’il vous a semblé amusant de livrer en pâture à l’auditoire. S’il vous en juge digne, il lavera cet affront directement avec vous». Très mordante et un brin ironique, Anne Hidalgo explique sa démarche. Comme Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, a interpellé Philippe Pemezec sur la vulgarité de son propos sans que celui-ci ne s’en émeuve, elle écrit: «je trouve utile d’élargir votre audience et de laisser chacun apprécier à la fois votre sens de l’humour, votre vision du monde et votre dignité de maire.» Puis elle précise qu’elle a décidé de rendre publique cette histoire «en pensant à toutes les femmes qui sont contraintes au silence face à l’inaceptable».
Devant ces accusations, Philippe Pemezec a répondu à Anne Hidalgo. Lui aussi par un courrier cinglant. Lui aussi en le diffusant sur Twitter. Et comme Denis Baupin, accusé de harcèlement sexuel par plusieurs femmes et qui met en avant un règlement de compte politique au sein du parti EELV, le maire du Plessis-Robinson évoque une pure stratégie électorale de la part de la maire de Paris. Il affirme que c’est parce que le compagnon d’Anne Hidalgo, Jean-Marc Germain, pourrait se retrouver face à lui aux prochaines élections législatives que la maire de Paris s’en prend à lui. Il dénonce une «ficelle» politique. «Elle est un peu grosse, ne trompera personne et n’enlèvera rien à la détermination des Républicains et à la mienne de reprendre à la gauche cette circonscription» (la 12e des Hauts-de-Seine, que Jean-Jacques Germain a ravi à Philippe Pemezec en 2012). Il résume alors la lettre d’Anne Hidalgo à «un exercice dialectique» auquel elle se serait «laissée aller». Point de regret de sa part pour les propos qu’il a tenus, et d’ailleurs qu’il ne nie pas, ni même aucune excuse.
Silence radio du côté des Républicains. Notamment de Patrick Ollier qui, selon Le Parisien qui cite plusieurs sources, serait le «un tel» évoqué par Anne Hidalgo. Laurence Rossignol, la ministre des Droits des femmes, a déclaré: «La honte doit changer de camp!». Le combat est loin d’être fini.
Face au sexisme, je ne me suis jamais tue et je ne me tairai jamais. pic.twitter.com/UqPDehq047
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) June 14, 2016
Ma réponse à @Anne_Hidalgo. pic.twitter.com/VB4sMKnzY5
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Crédits photos : ISA HARSIN/SIPA